DESTINÉES DES VILLES
MORCEAU DE VILLE, MORCEAUX DE VIE
CITÉ GAGARINE

Suivant sa ligne éditoriale du ” DEDANS – DEHORS “, ON-OFF Studio mène une démarche de diffusion artistique qui questionne la frontière entre espace fermé et ouvert, espace privé et public.

Pour nous, galerie d’art en convalescence post-confinement, la ville est devenue un théâtre d’opérations pour repenser les modes de vie, redessiner des paysages culturels urbains dynamiques, irriguer les territoires d’art et de culture et générer des interactions plurielles créant du lien social.

La sortie en librairie en janvier 2022 de CITÉ GAGARINE 1961-2020 de Marie-Pierre DIETERLÉ, livre-objet des Éditions Loco, a été l’occasion de construire une exposition du même nom autour de l’évolution d’une cité qui n’existe plus, témoignant de la force des liens sociaux avec la sensibilité artistique d’une photographe engagée.

 

CITÉ GAGARINE 1961-2020
Marie-Pierre DIETERLÉ
22 JANVIER > 5 FÉVRIER 2022

SAMEDI 22 JANVIER 2022 – 15:00 > 20:00
VERNISSAGE de l’exposition photographique et présentation-dédicace du livre-objet réalisé par les Éditions Loco en présence de l’autrice.
P
rojection du VOYAGE DE GAGARINE, réalisation vidéo collective du parcours artistique réalisé dans le bâtiment A de la Cité en 2019, proposée par l’association DOUBLE FACE.

 

CITÉ GAGARINE – ARTICLE :  http://on-off-studio.com/wp-content/uploads/2022/01/CITÉ-GAGARINE-Article-Maria-Cosatto.pdf
LE VOYAGE DE GAGARINE – VIDÉO :  https://vimeo.com/669900596

Il fait rêver GAGARINE… il fut le premier homme cosmonaute à être allé dans l’espace.

Prononcer son nom est ludique avec le double « GA » suivit du roulement du « R » au fond de la gorge et du « I » pointu, aigu sortant juste après. Il était soviétique, il représentait le communisme et en 1963, il est venu en France pour planter un cèdre au cœur de la cité portant son nom, sortie de terre en 1961 dans une banlieue rouge de région parisienne, Ivry-sur-Seine, pourpalier la crise du logement d’après-guerre.

Rouges aussi étaient les briques des immeubles qui composaient la cité, emblème du logement social, du réconfort des classes ouvrières, de la démocratisation du bonheur avec un confort qui offrait chauffage, toilettes et salles de bain individuels.

Mais le bonheur, expérience personnelle autant que collective, ne s’épelle pas de la même manière au fil du temps, sa notion évolue. Le modernisme des années 60 a laissé la place à la désindustrialisation des années 80, à la paupérisation et au chômage de la décenniesuivante. La barre de la Cité Gagarine est progressivement devenue obsolète avec son habitat dégradé et ses habitants marginalisés. Puis, elle se convertit en un chantier de déconstruction de seize mois jusqu’à sa disparition totale en 2020 quittant ainsi définitivement lepaysage urbain pour se projeter dans l’avenir de l’éco-quartier Gagarine-Truillot.

LA DISPARITION D’UN MYTHE

Si les plans du nouveau quartier gardent précieusement la mémoire de l’emprise en forme de T du bâtiment d’origine, les souvenirs… comment subsistent-ils ? Comment restituer soixante ans de sociabilité communale ? Comment sublimer artistiquement la disparition d’un mythe ?

L’EPA ORSA, aménageur de la ZAC en renouvellement urbain, propose à Virginie Loisel, fondatrice de l’association Double Face, de construire un projet artistique autour de la démolition de la Cité. Elle crée et dirige Le voyage de Gagarine, un parcours artistique développé dans 36 appartements désaffectés des 7 étages du bâtiment A de la cité, en septembre 2019.

Une cinquantaine d’artistes aux pratiques protéiformes ont été réunis, des acteurs locaux et des habitants les ont rejoint. Photographie, installation, peinture, sculpture, graffiti, vidéo, cinéma ont été les disciplines proposées pour cette exposition qui, à chaque étage, de bas en haut, de la terre jusqu’au ciel, du réel à l’imaginaire, a marqué l’esprit de près de 3000 visiteurs.

Au 7ème étage se trouvait le décor du film Gagarine, Sélection Officielle à Cannes en 2020, chronique d’une résistance qui porte un nouveau regard sur la banlieue. Et au 2ème étage, un des appartements présentait Une brique rouge pour mémoire, exposition conçue par la photographe Marie-Pierre DIETERLÉ.

« En 2017, suite à des ateliers photos avec les habitants de la cité, j’ai réalisé à quel point ils vivaient la perte de leurs logements comme une étape douloureuse dans leur vie. Tout allait disparaître. En tant que photographe, la nécessité de faire œuvre de mémoire s’est imposée à moi. Pendant deux ans, j’ai erré dans les longs couloirs à moitié vides, en quête de visages à immortaliser. J’étais fascinée par ces lieux désertés imprégnés des histoires passées. Comme cette robe de mariée abandonnée sur le mur rose d’une chambre vide »

LE LIVRE-OBJET CITÉ GAGARINE 1961-2020

Marie-Pierre DIETERLÉ, réalise le premier ouvrage photo dédié à la cité qui séduit par son contenu autant que par sa forme, « un livre habité…qui remplit un vide » comme le dit Daniel Paris-Clavel sur le journal Ivry ma ville.

Un coffret en carton d’un gris doux – sa couverture avec un gaufrage qui révèle le plan de la cité disparue, est composé de deux livrets photographiques de 44 pages chacun – l’un présente des portraits d’habitants, l’autre, des lieux vides. On trouvera aussi un fac-similé du journal Le Travailleur du 5 octobre 1963 à l’occasion de la visite de Youri Gagarine et un leporello de 6 cartes postales de la cité à différents moments de sa déconstruction

« J’avais envie d’un bel objet qui, par sa fabrication, rappelle la cité… Garder l’esprit de quelque chose qui peut se construire et se déconstruire. Tout peut se défaire et se refaire : quelqu’un peut détacher la photo et la mettre au mur »(1).

L’EXPOSITION CITÉ GAGARINE 1961-2020
22 JANVIER > 29 FÉVRIER 2022
ON-OFF STUDIO – PARIS 17

L’exposition s’est construite autour d’un livre-objet où résonne la justesse de ses moyens d’expression et de communication.

Une série de photographies de portraits d’habitants et de lieux est accrochée aux murs, des traces et des témoignages de deux années detravail de Marie-Pierre Dieterlé sur la cité encore habitée puis, délaissée.

Le mouvement et le son sont donnés par la projection de la vidéo Le voyage de Gagarine qui documente le Parcours artistique sur les différents étages du Bâtiment A dirigé par Virginie Loisel.

La robe de mariée abandonnée, le papillon bleu iridescent, l’enveloppe de Madame Crochet sont les objets qui nous lient aux histoires intimes … quant à la brique rouge de la Cité « Gag », comme les jeunes l’appelaient, no comment !

Avec l’exposition CITÉ GAGARINE 1961-2020, ON-OFF Studio rend hommage à cette aventure humaine et artistique sensée, puissante et même réparatrice.

Maria COSATTO