TERRITOIRES
Mélanie PATRIS / Christian FOUTREL
6 > 14 OCTOBRE 2017
EXPOSITION-PHOTO
L’exposition TERRITOIRES présente les séries photographiques Get into the forest de Mélanie PATRIS et Disparition de Christian FOUTREL.
Entre nature et culture, exploration et déambulation onirique, les photographes se réapproprient respectivement l’espace de la carrière d’Yvoir en Belgique et de la ville de Prague en République Tchèque. Leurs clichés achromes sont une écriture plastique et graphique des vécus hauts en couleurs.
La série photographique Disparition de Christian FOUTREL est accompagnée des textes de Régine THIEULLENT-TORRÉTON
VERNISSAGE : vendredi 6 octobre / 18h30 > 22h
NOCTURNES : samedi 7 et 14 octobre jusqu’à 22h
Entrée libre / 6 > 14 octobre / mercredi > samedi / 14h > 19h
Dimanche 8 octobre : 11h > 19h
ON-OFF STUDIO est un des lieux partenaires de PARISARTISTES# 2017
PARISARTISTES# 2017 / 17ème Arrondissement / Rue Berzélius
Programme PARISARTISTES# 2017
2017
Il m’a fallut une journée pour faire une première exploration de la carrière d’Yvoir. Un jour à la fin de l’hiver. La faune et la flore commencent à éclore. L’herbe verdit. Les premières feuilles sortent doucement. Les branches des grands arbres, elles, sont encore dénudées de toutes traces de renouveau. Je marche à travers cet endroit que je ne connais pas. J’erre sur les sentiers essayant de sentir ce qui émane du lieu. Je m’en imprègne.
La présence de la Forêt s’entrecroise avec celle, fantomatique, de l’être humain, et les traces qu’il y a laissées. L’homme est face à la nature. Il s’y imbrique. Parfois, il se confond avec la forêt, d’autres, s’en échappe plus nettement.
Que reste-t-il de l’un et de l’autre lorsqu’ils se rencontrent ?
La Belgique abonde de ces lieux anciens offrant leurs richesses premières : La pierre, les minéraux, le sable… Aujourd’hui, dépouillés de tout ce qu’ils avaient à offrir, abandonnés, ils sont laissés à leur propre sort. L’espace, dénaturé, tente alors de reprendre corps et de faire avec ces vieilles cicatrices. Ces traces d’un passé parfois pas si lointain. Rapidement, la Terre se réapproprie les lieux. Arbres, arbrissaux, broussailles, herbes et eaux ont repris une place. Leur place. Autrement certainement.
À certains endroits, la nature a reprit complètement le dessus. Là, la broussaille a tout envahit. Le sentier a disparu. Là, encore, des bambous émergent de ses eaux stagnantes. Ils sont morts aujourd’hui. Là, un coin de ciel fait jour entre les branches, y éclaire de sa lumière les recoins sombres.
Pourtant, la présence de l’homme est encore palpable. Des traces, discrètes mais visibles, se laissent entrapercevoir. Un bout de métal émerge entre deux branchages, des constructions abandonnées longent certains abords de sentiers, des bâtiments éventrés laissent leurs histoires au paysage…
La lumière met à jour l’histoire de l’espace. Ou bien suis-je en train de l’inventer ? Lorsque je photographie, j’ai conscience que le réel se fixe sur la pellicule. En même temps, je me sais le réinventer. Les mondes du visible et de l’invisible se mélangent. Ils créent, alors, une nouvelle réalité.
Me revient en tête Etienne Samain et sa cicatrice:
« … La photographie est, […] une fente ouverte au temps ; une déchirure de l’espace ; une marque, une empreinte, des indices. Coup et coupe, elle est cette surface de signes multiples et complexes, ouverte à un passé qui, déjà, n’existe plus et à un futur qui n’est pas parvenu à s’offrir. Les photographies sont […] les enveloppes qui gardent nos secrets, les petites peaux et les pellicules de nos existences. […]. »
DISPARITION
2017
Sortie de l’hiver dans une vieille ville, une séquence-photo, le parfum d’un polar…
Dans la série Disparition le photographe rouennais Christian FOUTREL nous propose une déambulation dans la ville de Prague : signant une intrigue en noir et blanc l’artiste joue de la perspective et des plongées pour mieux faire retentir l’écho d’un passé marqué par des secrets cachés puis dévoilés.
Les pièces centrales de la série sont des scènes de neiges ; les sols se rabattent, se dressent en murs enneigés. Troublés par ces étranges points de vue, on peut se demander si dans ces photos, les promeneurs se maintiendront toujours accrochés à l’image ; s’ils ne glisseront à l’intérieur de l’image même.
Mais ces murs enneigés sont autant symbole que support… parce que c’est par l’action du soleil, par l’activité ou par le passage humain ou animal, que la neige est surface d’écriture et devient un indice graphique ; parce que c’est en disparaissant que la neige prend toute son importance.
D’autres images de l’ensemble photographique appuient l’intrigue : un premier plan d’un verre à mi plein sur la table d’un bar ; une chambre forte, exiguë, aux coffres noirs laqués ; un lampadaire dévoilant une chaussée pavée ; des traces de voiture comme du goudron sur la neige ; des escaliers impraticables ; des panneaux de signalisation avec des destinations imprécises et un emblématique trou dans un lac glacé.
Le début et la fin de la série apportent une nouvelle dimension à la notion de disparition. Sur la première image deux dames âgées, de dos, parcourent le soir une rue animée. Sur la dernière image une femme aussi de dos mais seule, se repose en pleine journée sur un banc public face au fleuve, face aux bâtisses de la rive opposée.
Ni en professionnel de l’image ni en touriste, Christian Foutrel revisite les lieux qui l’on auparavant interpellé laissant le monde se dérouler au hasard des jours et puisant dans le réel les éléments de son univers de fiction.
Maria COSATTO