REQUIEM POUR PIANOS
ROMAIN THIERY
20 NOVEMBRE > 8 DÉCEMBRE 2018
EXPO PHOTO
Pianiste et photographe français, Romain THIERY explore le piano, instrument profondément enraciné dans notre culture, sous un angle original : Piano et Patrimoine. Il a passé 10 années à voyager à travers l’Europe à la recherche de pianos oubliés, ravagés par l’impitoyable passage du temps mais n’en finissant pas d’imposer leur noblesse.
CONVERSATION
Interview réalisée par CQP Gallery (Suède)
Qui es-tu?
Mon nom est Romain Thiery, un photographe pianiste de 30 ans. Né dans le Périgord, une région très riche par son histoire et ses lieux patrimoniaux. C’est là que tout a commencé pour moi en 2009. Je suis quelqu’un de passionné et heureux de pouvoir faire se rencontrer mes deux mondes artistiques : la photographie de lieux abandonnés et le piano. Aujourd’hui je vis et travaille près de Montpellier.
A quel moment dans ta jeunesse es-tu tombé amoureux de la photographie?
Depuis mon plus jeune âge, j’ai toujours vu ma mère utiliser un appareil photo. J’ai eu la chance de pouvoir la suivre lors de ses reportages et obtenir ses conseils précieux. De plus, après mes études, j’ai décidé de voyager pendant quelques temps en Asie. L’Inde fut une révélation, je souhaitais rendre intacte cette atmosphère, cette agitation constante, ces couleurs et ces architectures à travers l’objectif de mon appareil. Dès mon retour en France, ma mère avait commencé à référencer les lieux en ruines de ma région natale. J’ai décidé de la suivre et c’est ainsi que ma passion des lieux abandonnés est née.
Peux-tu nous dire quand as-tu décidé de devenir professionnel?
Au début, la photographie n’était qu’une passion mais j’ai décidé assez rapidement d’utiliser ce médium à des fins artistiques. J’ai eu la chance de travailler avec des professionnels de l’image qui m’ont aidé à me lancer et à montrer mon travail lors d’expositions.
Ta série « Requiem pour pianos » est un documentaire puissant sur le passé, pourquoi as-tu choisi un sujet précis comme le piano?
En 2014, dans un château abandonné dans le sud de la France, j’ai découvert un vieux piano oublié. L’instrument était toujours là. Peu de choses avaient résisté aux pilleurs, mais il était là… où régnait il y a peu de temps encore le luxe et la beauté. Depuis ce jour précis, j’ai su que ma vie artistique allait prendre un tournant. Les lieux que j’allais rechercher devront être la rencontre de mes deux mondes artistiques : la photographie et le piano. C’est le point culminant de mon art, mes deux passions sont alors réunies en un seul et même sentiment.
Tu es également un musicien et donnes des cours de pianos. Combien de temps passes-tu à t’entraîner?
J’ai commencé le piano à l’âge de 6 ans et j’ai continué en école jusqu’à mes 18 ans. Je joue tous les jours chez moi sur mon piano et donne quelques cours aux personnes souhaitant se perfectionner.
Tu voyages beaucoup en Europe pour ce projet. Comment trouves-tu les lieux que tu photographies?
Ce n’est pas si simple. Premièrement j’utilise régulièrement les logiciels d’images satellites en recherchant essentiellement des lieux type châteaux, manoirs et lieux culturels. Afin d’avoir plus de chance d’y trouver un piano à l’intérieur. Aujourd’hui, j’ai la chance d’avoir des amis qui m’aident énormément dans mes recherches. Je collabore également avec une association qui s’occupe de la spoliation des instruments de musique et certains sièges de grandes marques de pianos. J’ai aujourd’hui pu visiter la France, l’Espagne, l’Italie, la Belgique, l’Allemagne, la Pologne, l’Ukraine, la Bulgarie, la Roumanie et la République tchèque pour dénicher ces pianos.
Tu as aussi d’autres photos avec des lieux abandonnés. J’ai le sentiment que tu es fasciné par les lieux où l’on aperçoit encore des traces de vie, comme si le temps s’était arrêté brusquement. Est-ce une observation ou ta motivation?
Mon but est de pouvoir capturer cette ambiance et les dernières traces de vie avant que le temps ne les rende invisibles. J’aime surtout les villes, châteaux et manoirs qui sont les témoins d’une élégance passée. Je souhaite par mes photographies redonner vie à ces bâtiments oubliés.
Que peut-t-on attendre de toi par la suite?
Ma série « Requiem pour pianos » n’est pas terminée, je suis sûr qu’il m’est encore possible de trouver des pianos oubliés, même si je dois m’éloigner de plus en plus de la France.
Depuis plusieurs mois, je travaille sur un nouveau projet, toujours sur la relation piano-patrimoine. Je n’en dis pas plus pour le moment tant que cette série n’est pas plus aboutie.