Daphné Keramidas
Une horloge de gare fonctionne de manière mécanique : l’aiguille des secondes bouge en continue pour s’arrêter une fois toutes les minutes et reprendre avec un sursaut son inlassable décompte. Pause dans sa course, hoquet du temps, cette parenthèse offerte par l’horloge ouvre l’espace à la surprise et à la liberté… au temps intime hors comptage, à l’éveil des sens, à l’appel aux souvenirs.
Dans À la gare, vidéo réalisée en 2011, Daphné Keramidas nous livre le temps intime niché dans le travail sisyphien d’une aiguille d’horloge publique, dans la boucle de la boucle d’un cadran.
La vidéo Contrapunto et la série de dessins Monuments produites en 2016 complètent sa proposition. Ces créations ont été réalisées dans le cadre de sa résidence, toujours actuelle, à la Cité Internationale des Arts.
Viviana Méndez Moya
Le temps des travaux lourds et monotones est un temps qui ne finit jamais, un sacrifice qui fait naître de la colère. Au fil du temps et par nécessité, nous apprenons à la maitriser alors, une abnégation surgit. Colère et abnégation laissent leurs traces… c’est une question de temps et de ton.
Ma mère avait l’expertise du fer à repasser, la maîtrise de sa colère ne l’a jamais laissé brûler une seule chemise. Pour moi, le poids et la température du fer sont devenus les symboles de son ressenti au quotidien dans la maison, dans un pays au régime autoritaire.
Viviana Méndez Moya s’empare du poids et de la température du fer pour créer des objets où le contrôle du temps se rend visible et sa dimension olfactive imaginaire.
L’artiste vit et travaille à Paris.
Deniz Aktaş
Deniz Aktaş dessine les traumatismes imprimés dans une ville touchée par la violence, les bombardements, la guerre. De paysages urbains de nature granulaire où le grain de l’image évoque la désagrégation. Des décors dépeints avec une technique minutieuse songent à cicatriser leurs blessures et laissent entendre souffler le temps nécessaire à une reconstruction.
S’il suffit d’une bombe = 2 sec pour détruire un quartier, d’un déclic = 1/16 sec pour prendre une photo, Deniz Aktaş a besoin d’un mois = 2.678.400 sec pour transformer la destruction en dessins hantés.
L’artiste a été en résidence à la Cité internationale des Arts pendant l’année 2016 ; il habite à Istambul.